La pollution des nappes d’eau souterraine situées au droit des installations de stockage de déchets
ménagers est liée à l'infiltration des lixiviats qui véhiculent une forte charge polluante [1]. Le suivi de la
propagation de ces panaches de polluant dans les aquifères n’est pas aisé, en particulier dans les aquifères
discontinus de socle cristallin fracturé en milieu urbain comme celui de Ouagadougou au Burkina Faso. La
ville dispose d’un seul centre d’enfouissement et de nombreuses décharges sauvages en lien avec la forte
croissance démographique. Cette étude vise à cartographier les panaches de pollutions générés par les
lixiviats de décharge d’ordures ménagères en évaluant leur impact sur les eaux souterraines avoisinantes.
Une approche combinée des techniques de la géophysique et de la biogéochimie nous ont permis
d’apporter des réponses sur l’évolution du panache de polluant et l’aspect réactionnel de la matière
organique dans les eaux de la nappe. La forte densité des mesures du potentiel spontané (PS) a permis de
délimiter le panache de pollution au niveau des contours des décharges avec un bon degré de détail. La
distribution des valeurs de potentiel propre montre un modèle linéaire de la propagation du panache dans
la nappe. L’extension du panache est bien corrélée avec le réseau de fracture qui contrôle l’écoulement de
l’eau [2]. La variation concomitante du pH, de Eh et de la chimie de l’eau dans le diagramme de Pourbaix
montre que les eaux des nappes superficielles (puits) et des nappes profondes ont déjà entamé la phase de
réduction. Les lixiviats, très minéralisés (6534 µ.cm -1 ) ont un faciès variable suivant les décharges. Les
aquifères superficiels sont fortement impactés par les décharges alors que les aquifères profonds sont peu
ou pas impactés. D’autres sources de pollution ont été mises en évidence dans les aquifères superficiels.