La peur suscitée par les événements terrifiants comme le terrorisme et la pandémie de la Covid-19 conduit à l’érection de nos agglomérations en villes citadelles, en villes forteresses dans lesquelles l’urgence sécuritaire est devenue la valeur primordiale au détriment d’autres considérations telles que la liberté, l’éthique et l’esthétique. Dans ce contexte de mondialisation, les villes érigent des frontières, des barrières à l’intérieur de leurs territoires décomposés et reconfigurés, limitent la mobilité et étouffent ainsi toute altérité et toutes les interrelations individuelles et collectives. Cette période d’incertitude bouleverse profondément les modes d’organisation, les modes de gestion des villes et les liens entre les hommes. Paradoxalement, le désir de protection — l’une des exigences absolues de citoyens conscients de leur fragilité dans leur volonté de réaliser le vivre ensemble, d’imaginer de nouvelles formes de vie
et de préserver l’humain dans l’homme — fait que l’humanité entre dans l’ère de l’oubli de l’humain.