La passivité fait l’originalité de la philosophie d’Emmanuel Lévinas. Elle traduit la
vulnérabilité du sujet. Cette vulnérabilité est l’expression de la nudité du visage de
l’autre homme. Une faiblesse qui fait appel à la responsabilité du sujet. En effet,
dans la relation éthique, le sujet est destitué, dépossédé de sa substantialité. Pour
Lévinas, la subjectivité est la passivité même. Cette passivité est la générosité,
exprimée par le Je responsable qui se livre à l’Autre afin d’être son gardien. C’est
pourquoi la proximité est l’impossibilité de s’éloigner de l’Autre, ce qui signifie
l’urgence de l’assignation à la responsabilité pour autrui. Autrement dit, la
proximité d’autrui est la présence obsédante de celui qui, loin de s’offrir à ma
prise, me prend, me saisit avant même que je n’aie pu réagir. La proximité du
prochain est ma pure exposition à Autrui. Dans la proximité comprise comme
obsession et persécution, je n’ai plus de lieu, je suis sans domicile, délogé par
l’Autre. La passivité est ainsi vécue comme obsession et persécution dans la
proximité. La responsabilité dans la proximité est une responsabilité d’avant la
liberté. Le sujet libre traduit ainsi sa liberté en responsabilité dans son milieu de
vie. Être libre pour Lévinas, c’est être étranger à soi, obsédé par les autres. Comme
liberté, l’homme doit se penser à partir de son allégeance à Autrui. C’est ainsi que
la liberté est l’expression de la passivité illimitée. Le problème consiste à analyser
la place de la passivité dans la philosophie d’Emmanuel Lévinas. Notre objectif
général est de montrer la manière de définir la philosophie comme passivité dans
la pensée éthique lévinassienne. Nous avons choisi la méthode analytique. Elle
permet d’examiner les principaux aspects de notre thématique à partir de certaines
oeuvres de Lévinas. Des résultats, il ressort la passivité comme une expression de
philosopher chez Emmanuel Lévinas.

Autrui, Liberté, Passivité, Proximité, Responsabilité.