L’éducation est une institution qui retire l’individu de l’état de nature et le place dans l’état de culture. La différence fondamentale entre nature et culture se trouve dans le fait que ce qui est naturel est inné et le culturel est acquis. L’éducation permet de transmettre des valeurs voulues par la communauté à un individu. Le lien entre corps et éducation n’est pas immédiatement apparent. Certains auteurs s’en sont intéressés, en relevant surtout dans leurs études que le corps est le portail par lequel l’on accède au subconscient de l’individu. Il est aussi le support sur lequel on peut imprimer l’identité d’un groupe. Chez l’auteur J.C.E. Adandé (2018), le corps est perçu comme un support plastique dont le vodum (ou vodun) se sert pour s’exprimer. Qui parle de vodum, parle de religion et qui parle de religion parle de spiritualité. Adandé nous montre que le corps est utilisé au premier chef pour exprimer toute la spiritualité liée aux rituels vodum. Chez K.A. Adjagbo (2017), il est question de corps violenté, mutilé dans les arts, non dans un sens éducatif, mais plutôt comme un traitement inhumain en vue de dégrader la personne de la victime. Il s’appuie sur les créations dramaturgiques africaines afin de construire son analyse.
Dans son article « L’idéaltype du corps dans l’enseignement de l’éducation physique tunisienne contemporaine », Monia Lachheb considère « le corps comme le support de toutes nos pratiques » (2018, 142). Dans ce sens, son existence s’exprime par «la dyslexie, la nutrition, le plaisir, le désir, l’entraînement, l’enseignement, etc. A ce titre, il constitue une voie possible pour comprendre le fonctionnement des systèmes sociaux, notamment le système scolaire » (idem). Sylvia Faure et Marie-Carmen Garcia (2003), s’intéressent au corps dans l'enseignement scolaire dans la région Rhône-Alpes en France. A partir d’entretiens réalisés auprès d’acteurs de l’éducation, elles cherchent à savoir l’usage que l’on fait du corps des apprenants pour les aider à être performants. Elles axent leur analyse sur les expressions artistiques corporelles telles la danse pour montrer la nécessité de laisser de l’espace au corps dans la formation scolaire. Même si ces différentes réflexions mettent en lumière le caractère social du corps, aucune d’elles n’évoque le lien entre corps, violence et éducation. Le présent article analyse le corps comme vecteur central de l’éducation de l’individu en Afrique. Il s’appuie sur les cérémonies rituelles qui sont des moments privilégiés de la manifestation de l’attention particulière portée au corps. Ainsi, le corps, siège de la spiritualité chez l’individu, est le support sur lequel il faut agir pour transformer l’individu. Pourquoi passer par le corps pour changer la personnalité de l’individu ? Comment comprendre que le traitement du corps peut modifier la spiritualité chez l’individu ? Quel rôle les rites initiatiques jouent-ils dans l’éducation en Afrique ? Voici quelques questionnements auxquels l’article proposera des réponses.
Corps, tradition, sociétés, éducation, Afrique