Le Burkina Faso, depuis 2015, subit une crise sécuritaire qui a provoqué une instabilité politique à la tête de l’État, marquée par le retour des militaires au pouvoir en janvier 2022. Dès lors, le pays est dirigé par un pouvoir politique de transition. Ce régime militaire construit sa légitimité sur la probité et sur sa capacité à inverser la courbe de l’insécurité. Un discours qui séduit une frange importante de la population, qui se constitue en groupes de soutien et de protection de la Transition. Toutefois, un paradoxe subsiste : des organisations démocratiques s’érigent en soutien du pouvoir militaire. Le contexte sécuritaire difficile est mis en avant par ces organisations qui estiment qu’au regard de la nature principalement martiale de la lutte, et du besoin de refondation de la nation, les militaires sont la solution.
Pour mieux analyser cette problématique, la démarche qualitative a été adoptée afin de cerner le champ politique et ses interconnexions, mais aussi les logiques des acteurs qui y sont engagés. À cet effet, des entretiens ont été réalisés dans la ville de Ouagadougou auprès des acteurs de la veille citoyenne, mais aussi, des acteurs d’autres organisations de la société civile et des militants des partis politiques. Les entretiens ont été complétés par une observation autour des ronds-points, lieu de rassemblement des acteurs de la veille citoyenne. Les résultats de la recherche révèlent une corrélation entre l’itinéraire des acteurs et leur vécu dans les structures associatives et politiques. Ainsi, ceux-ci justifient leur engagement dans la veille citoyenne par une volonté de mettre fin à la mauvaise gouvernance au sommet de l’État et de soutenir une dynamique politique qui prône la souveraineté du pays.
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