La crise socio-politique et militaire qu’a connue la Côte d’Ivoire au cours des décennies 90 et 2000, a eu de nombreuses conséquences tant du point de vue économique, social que démographique sur les pays limitrophes. Du fait des liens historiques qui les lient mais aussi de l’ampleur des mouvements historiques de migration (notamment l’émigration burkinabè) entre les deux pays, le Burkina Faso apparaît, à première vue, comme le pays voisin ayant été le plus touché par les effets de cette crise, notamment en ce qui concerne le retour massif de plusieurs personnes fuyant les exactions diverses. Les événements de Dabou en 1999, suivis du coup de force en 2002 ont entraîné une opération de « rapatriement » des Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, communément nommé opération « Bayiri ». A cette opération plus ou moins organisée, il faut ajouter les retours individuels à travers divers moyens et à des périodes de temps différentes. Faisant recours à deux sources de données, à savoir le recensement général de la population et de l’habitat de 2006 et l’enquête sur l’impact des migrations internationales de retour de Côte d’Ivoire sur le développement des régions frontalières du Burkina Faso réalisée en 2007, le présent article donne une estimation de l’ampleur des populations rapatriées de Côte d’Ivoire et une mesure du niveau d’accès à la scolarisation des enfants et adolescents rapatriés dans les régions des Cascades et du Sud-ouest. Les régions frontalières des Cascades et du Sud- ouest sont, au regard de la proportion des rapatriés par rapport à la population totale, les plus touchées. Par ailleurs, il ressort même après contrôle d’un ensemble d’autres variables, qu’il n’y a pas de différence significative entre les enfants et adolescents rapatriés et les autres.