Par quels mécanismes les logiques informelles de terroir parviennent-elles à influencer la gouvernance foncière dans des espaces appropriés par l’Etat ? Telle est la préoccupation au fondement de cette étude. Elle trouve sa pertinence dans le fait que les aménagements agricoles au Burkina Faso connaissent une situation d’insécurité foncière contrastant avec leur statut de domaine foncier de l’Etat. Cette réflexion part du postulat selon lequel l’insécurité foncière est un produit émergent de l’interaction migrants-autochtones. Cette interaction est rendue possible par un système de gouvernance qui n’est pas parvenu à imposer ses règles aux pratiques locales portées par les logiques de terroir. De ce fait, elle choisit une entrée par les logiques d’acteurs, fondée dans une démarche socio-anthropologique (observation et entretien), dans un espace où autochtones et migrants confrontent des logiques spécifiques, dans une arène dont l’enjeu est l’affirmation de droits d’appropriation de la terre et des ressources qu’elle porte. Il apparait alors que l’insécurité foncière est un produit émergent de l’interaction migrants-autochtones. Mais une telle prise de position suscite une interrogation : comment les logiques de terroir parviennent-elles à influencer le jeu foncier dans un espace approprié par l’Etat ? Les conclusions de l’étude relèvent que (i) la dynamique foncière dans ces zones est le fruit d’une interaction normative, conséquence de la mise en présence d’acteurs guidés par des logiques hétérogènes. (ii) La norme étant adossée à un système d’autorité, l’interaction normative se produit dans un contexte de confrontation d’autorité. Dans ce contexte, (iii) le système d’autorité auquel s’adosse la logique d’action des migrants se révèle inopérant sur la garantie de leurs droits fonciers, d’où l’insécurité foncière.
aménagement AVV, dynamique foncière, insécurité foncière, conflit foncier