Dans la province du Nayala se pratique une activité ludomotrice ancestrale qui met
en branle un corps à corps direct entre deux individus : le Yͻbͻ (la lutte). Elle est une
pratique constitutive de la tradition du peuple san transmise de génération en
génération et s’inscrivait dans leur univers de représentation du corps. Dans cette
représentation, le corps ne doit pas être pesé au risque de réduire le san à son poids.
Pour constituer alors les oppositions des vaillants combattants, une catégorisation
spécifiquement endogène fut jadis instaurée à travers le gͻlõ-bεba et le ka pa:ʀ-pεs.
Cependant, la diffusion hégémonique du système sportif occidental a entrainé une
réorientation de cette représentation du corps. Pour saisir les différentes articulations
de cette réorientation, un séjour a été effectué dans le Nayala où une observation
participante a été réalisée sur le patrimoine culturel immatériel. De l’analyse des
résultats, il ressort que la lutte africaine sportivisée notamment sa houlette de la
standardisation draconienne est à l’origine de cette réorientation dont les
conséquences sont la disparition progressive du le gͻlõ-bεba et du ka pa:ʀ-pεs lors
des rencontres de lutte. Pour sauvegarder ce patrimoine culturel et identitaire du
peuple san, la recherche suggère une redynamisation des luttes de tradition san
porteuses de cette pratique endogène suivi de sa promotion en termes de créations
artistiques.
Mots clés : corps, lutte, san, représentation