En mars 2020, dès le signalement des premiers cas de COVID-19 en Afrique, la plupart des gouvernements d’États membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont pris des mesures concertées pour lutter efficacement contre la pandémie. À la suite de ces mesures, des comportements de défiances des populations ont été constatés dans certains pays. Au Burkina Faso, les médias et la presse ont rapporté la tenue de marches de protestations et de blocage de rues par les travailleur·euse·s des secteurs informel et formel pour exiger la réouverture du marché central de Ouagadougou (Roodwooko) et des autres petits marchés communément appelés yaars. C’est dans ce contexte que cette étude qualitative a été menée dans la ville de Ouagadougou auprès de 167 travailleur·euse·s pour recueillir les perceptions sur leur prise de risques durant la période de restrictions des libertés individuelles/collectives. Les résultats ont montré que la précarité des conditions de vie a contraint la majorité des travailleur·euse·s à rechercher des produits de première nécessité. Il est également apparu que le manque d’argent a conduit des travailleur·euse·s des secteurs informel et formel à continuer d’exercer leur activité malgré les premières mesures de restriction décrétées (confinement). Enfin, le besoin d’intégration sociale a conduit beaucoup de travailleur·euse·s à participer à divers événements sociaux officiellement interdits (obsèques, mariages, baptêmes, funérailles) pour garder les liens d’entraide, de solidarité et de cohésion du groupe social.
Prise de risques, travailleurs des secteurs formel et informel, confinement et restriction