Péjoré et stigmatisé, le secteur informel est pourtant incontournable en Afrique subsaharienne où les activités socio-économiques comportent leur part d’informalité. Les villes sont les lieux où la prégnance de l’informel est la plus forte. Analysées sous le prisme de la crise depuis plus de trois décennies, les villes en Afrique subsaharienne sont l’objet d’une dynamique démographique et spatiale soutenue. Elles enregistrent, par milliers, de nouvelles activités tant de production que de services, lesquelles représentent autant d’opportunités d’emplois que de sources de revenus pour les travailleurs et de ressources financières pour les collectivités publiques. Ces activités sont définies négativement, par des qualificatifs tels que informelles, clandestines, non-officielles, non-structurées, non- capitalistiques voire illégales ou encore artisanales… Le secteur informel y participe au processus d'urbanisation, en offrant des emplois et de modestes rémunérations à un flux de nouveaux urbains, au prix d'une productivité faible et quasi stagnante. Elles apparaissent de ce point de vue comme des composantes du système urbain. C’est le principal pourvoyeur d’emplois urbains. Toutefois, bien que fortement intégrées aux réalités sociales, économiques et culturelles des villes qu’elles animent et dynamisent et en dépit d’efforts croissants déployés en vue d’analyser l’économie informelle, les activités correspondantes demeurent insuffisamment mesurées voire non enregistrées dans les comptes nationaux.
Pour autant, des chercheurs s’interrogent sur les fondements de la marginalisation dont elles sont l’objet de la part des pouvoirs publics, dans les politiques et actions d’aménagement d’une part, et les politiques d’encadrement et de développement des activités urbaines d’autre part.
Ainsi, la question envisagée est celle de savoir comment peut être lu le dynamisme des villes en Afrique subsaharienne à travers le secteur informel. En d’autres termes, derrière l’aspect illogique apparent de ce secteur se cache-t-il un désordre ? Après un rappel de l’origine du concept de secteur informel, notre réflexion mettra à contribution l’emploi, l’urbanisme et l’offre de transport informels, en ayant recours à la littérature scientifique.
Secteur informel, Economie informelle, Urbanisation, Afrique subsaharienne