Au Sahel, les paysans ont adopté des pratiques innovantes pour atténuer les effets du climat et de la dégradation des sols sur la production agricole. Cette étude évalue les performances hydrologiques de trois techniques de conservation des eaux et des sols (CES) installées sur un sol dégradé. Ainsi, un dispositif expérimental constitué de deux blocs complets de Fisher, chacun composé de 4 parcelles de 200 m² a été aménagé avec les techniques de zaï, de demi-lune, de cordon pierreux et de semis à la daba. Le dispositif a permis le suivi hydrométéorologique durant 3 années consécutives (2015 à 2017). La méthode Soil Conservation Service Curve Number a été développée pour étudier les effets des techniques sur le stockage en eau du sol sous différents régimes climatiques.
Les résultats montrent que les techniques CES modifient les propriétés hydrauliques de surface du sol, réduisent le ruissellement et augmentent le stock d’eau du sol afin de satisfaire les besoins hydriques du mil. Le zaï et la demi-lune ont réduit le ruissellement de 50 et 95%, produit plus d’humidité du sol (entre 15 et 25%), favorisé un drainage compris entre 2 et 6% et produit un rendement 6 à 8 fois meilleur comparativement au semis direct.
Le modèle reproduit avec une précision satisfaisante le ruissellement observé et a permis sur le long terme (1961-2009) de simuler le stockage d'eau du sol en réponse aux régimes pluviométriques. Il apparaît que le zaï et la demi-lune peuvent atténuer l'effet des sècheresses pendant 2 à 3 semaines, alors que le semis direct et le cordon pierreux montrent un déficit hydrique important après une semaine. A l’avenir, le zaï permettrait d’assurer une production agricole suffisante à l’horizon 2050. Toutefois, entre 2051-2099, des mesures d’adaptation plus importantes devront être adoptées pour une plus grande résilience face au climat.
Bilan hydrologique, Techniques de conservation des eaux et des sols, Modèle SCS-CN, Changement climatique, Sahel