L’autopsie des gouvernements politiques qui se sont succédés depuis une décennie au Burkina Faso par la force des urnes ou des armes met en cause l’hypertrophie malsaine de l’opinion. L’euphorie intellectuelle des premiers moments d’Internet et des réseaux sociaux numériques accueillis comme porteurs de souffle nouveau pour la démocratie a fini en désenchantement. Les mouvements sociopolitiques en cours au Sahel permettent dans cet article de ramener en discussion un vieux débat épistémologique sur les enjeux de l’opinion et de ses prétentions à gouverner. Le mercenariat de la société civile, le communautarisme digital, la désinformation de masse ont fini par assassiner l’espace public pour n’avoir aucun autre choix que de confier le pouvoir à un tyran. Tel est le destin de la doxocratie enivrée qu’elle est par un niveau de manipulation de masses jamais vécue par l’humanité. Les résultats de cette contribution théorique et fondamentale ont été obtenus grâce à une approche qui a combiné revue de littérature et observations de situations d’expressions publiques au Burkina Faso. La revue de littérature a conduit à l’exploitation d’informations scientifiques, journalistiques, mais aussi celle des vidéos produites par des citoyens qui circulent via les médias sociaux, notamment Whatsapp et les foras de médias en ligne. L’article a démontré que le populisme, la démocratie d’opinion, la doxocratie sont les différentes manifestations d’une démocratie libérale en crise. L’une des conditions de réhabilitation de cette forme de gestion de la cité reste et demeure l’insémination généralisée de la culture démocratique.
opinion, espace public, doxocratie, réseaux sociaux numériques, propagande sociopolitique