L’humain et la nature entretiennent des rapports de construction et de déconstruction qui vont des simples interactions de coexistences aux interactions symboliques. Cette conception qui perçoit une continuité entre l’univers de l’humain et celui du non humain amène P. Descola (1986) à soutenir la thèse selon laquelle il existe un lien étroit entre l’Homme et la nature ; d’où le concept de « la Nature domestique ». Cette proximité est une réalité partagée dans la communauté bobo des Hauts-Bassins du Burkina Faso qui conçoit la nature comme l’œuvre des forces surnaturelles (B. D. Sanou, 2014). De ce fait, les rapports étroits entre ces deux mondes supposent l’existence des lieux de la « surnature » (P. Rey, 2007). Pour cerner cette problématique, nous avons adopté la démarche qualitative à travers une perspective compréhensive pour saisir la place du sacré dans la conservation des ressources naturelles. Cette posture méthodologique a permis de parvenir à des résultats. Il ressort que pour l’harmonie entre les éléments du cosmos, des normes sont érigées afin de protéger les espèces végétales, animales et aquatiques dont la survie de la communauté en dépend. Dans cette perspective, la socialisation de l’être humain pour les Bobo prend en compte le monde physique et celui métaphysique. À cet effet, des stratégies socioculturelles sont construites autour de l’interdit par la tradition locale avec pour objectif la protection des espèces qui ont une grande utilité économique, mais aussi culturelle, car le cordon ombilical qui lie l’Homme à la Nature s’aperçoit dans la société bobo à travers le culte du Do. Cette réalité est maintenue et entretenue par les mythes qui confèrent une sacralité à la nature et une âme à certaines espèces animales et végétales.
Nature, totem, surnature, Bobo