Le département de philosophie comme bien d’autres départements de l’Université Joseph Ki-Zerbo, depuis plus d’une décennie, fait face à des retards académiques récurrents, au chevauchement des années et à des effectifs de plus en plus grandissants ; toute chose qui entraine une surcharge de travail pour les enseignants. Partant, l'évaluation qui est une activité essentielle à tout enseignement est devenue un véritable calvaire pour les enseignants qui n’arrivent pas à respecter les délais de remise des copies. Pour faire face à une telle situation, l’administration universitaire et les enseignants sont à la recherche de solutions idoines. Dans cette perspective, le recours à l’évaluation par QCM apparait comme une alternative et des réflexions sont en cours pour voir comment cela pourrait être mis en œuvre, avec même la possibilité de corrections assistées à l’ordinateur.
Les QCM sont alors présentées comme un moyen d’évaluation rapide, facile et fiable, en même temps qu’ils sont une solution au sureffectif. Cependant, nous nous demandons dans quelle mesure une telle démarche est-elle efficace pour une discipline comme la philosophie.
Les QCM ont la réputation d’être une méthode d’évaluation plus équitable et plus objective. Cependant, l’on peut s’interroger sur leur capacité à évaluer efficacement l’étudiant. Permettent-ils vraiment d’évaluer les compétences attendues à l’issu de la formation en philosophie ? Des compétences comme l’analyse critique, la conceptualisation, la problématisation, l’argumentation, la maîtrise de l’expression écrite peuvent-elles être évaluées par QCM ? Traditionnellement, ces compétences étaient évaluées à travers la dissertation, le commentaire de texte ou les exposés-débat. L’enseignant qui s’y attache encore dans les conditions d’enseignement actuelles, ne sera pas au rendez-vous de la remise des copies aux étudiants et des délibérations de fin de semestre. Comment trouver un système d'évaluation innovant qui réponde au besoin actuel de l’évaluation ?
L’objectif à terme dans cette recherche est de trouver une forme d’évaluation qui s’adapte au mieux à la réalité actuelle de l’enseignement de la philosophie et de son évaluation dans un contexte de retard académique, d’effectifs pléthoriques et d’un système LMD qui semble mal adapté.
Il ressort de notre réflexion que face aux effectifs pléthoriques, l’évaluation par QCM est une alternative crédible. Mais elle ne saurait s’adapter systématiquement à toutes les disciplines d’enseignement à l’université, notamment la philosophie. Elle ne s’aurait être une panacée. Les actes essentiels du philosopher, des compétences tels la conceptualisation, la problématisation, l’argumentation ne sauraient être évalués par QCM.
L’évaluation par QCM pourraient à la limite s’appliquer au niveau des premières années du cursus universitaire. Elle permet certes de faire face aux effectifs pléthoriques et de gagner en temps. Mais cela pourrait avoir pour inconvénient la perte en qualité.
QCM, évaluation, philosophie, compétences