Cet article se fonde sur des sources orales et d’archives ainsi que des travaux scientifiques et analyse les facteurs de la défection du chemin de fer Abidjan-Niger mettant en exergue l’évolution de sa gestion de la Régie Abidjan-Niger (RAN) à la Société Internationale de Transport Africain par Rail (SITARAIL) et en évalue la gestion séparée. Après une exploitation rentable qui a permis à la RAN de consentir d’énormes efforts à la modernisation et au renforcement des capacités de la ligne pour répondre à la demande, la Régie connut un déficit d’exploitation de plus en plus croissant à partir de 1980. Cette défection résulte d’une difficile appropriation de ce bien public d’une part par les acteurs publics et privés et, d’autre part, par les usagers. La gestion publique postindépendance n’avait pas permis à l’infrastructure d’atteindre ses objectifs de constructions nationales et l’intensification des relations entre les deux États visant à renverser la logique coloniale. La privatisation à partir des années 1990, restaurait non seulement la logique coloniale de circulation des flux mais aussi l’infrastructure échappait au contrôle des États.
Abidjan-Niger, appropriation, défection