Dans les pays sahéliens comme le Burkina Faso, les aménagements hydroagricoles sont perçus comme une panacée aux problèmes climatiques et de déficits des productions agricoles. Toutefois, leur réalisation induit la modification et la régression du couvert végétal. Cet article vise à appréhender la dynamique des unités d’occupation des terres en lien avec le développement de l’irrigation dans la commune rurale de Bama. La méthodologie a consisté à l’analyse diachronique d’images Landsat 2 (1976), 5 (1988) et 8 (2018) et des données d’enquête collectées auprès de 384 chefs de ménage. Les résultats révèlent une augmentation des superficies des zones agricoles pluviales de 35,6 % et irriguées de 9,7 %, des habitations de 0,2 % et l’apparition des zones nues de 0,01 % entre 1976 et 2018. Cependant, les forêts-galeries ont régressé de 1,2 %, les savanes arborées de 14,1 %, les savanes arbustives de 27,6 % et les plans d’eau de 2,6 %. Ces mutations paysagères sont liées à l’extension des exploitations agricoles irriguées et pluviales qui occupent 60 % de la zone d’étude en 2018. Ainsi 4 % des forêts-galeries ont disparu au profit des zones agricoles (0,7 %) et des savanes arbustives (0,4 %). De même, 16 % des savanes arborées ont été converties en zones agricoles (8 %) et en savanes arbustives (8 %), tandis que 4,2 % des plans d’eau ont régressé au profit des zones agricoles (2,4 %). Cette régression de la végétation naturelle au profit des espaces anthropisés est perçue par 98,7 % des enquêtés. Ces constats nécessitent de repenser le modèle de développement de l’irrigation pour favoriser la durabilité des périmètres aménagés.
Dynamique, occupation des terres, espace hydroaménagé, Bama