Dans cet article, nous avons poursuivi la compréhension du phénomène complexe du pluralisme religieux par une analyse de la territorialisation des lieux de culte chrétiens et de la topographie des sites religieux dans la région de Dori. Nous y montrons que l’implantation des missions chrétiennes et leur expansion qui se caractérise depuis les années 1990 par la multiplication des lieux de culte traduit la reconnaissance du christianisme par certains courants de l’islam sahélien. Plus encore, cette dynamique a induit une recomposition du paysage religieux dans les villes, en particulier celle de Dori, carrefour du vieux commerce transsaharien et aujourd’hui capitale de la région administrative du Sahel burkinabè. Si l’accroissement des lieux de culte renforce l’ancrage du christianisme, sa visibilité demeure pourtant faible par rapport à l‘islam qui occupe des espaces de centralité, reléguant le christianisme dans des périphéries jadis délaissées. L’analyse de la topographie des sites religieux révèle la domination religieuse, culturelle et politique de l’islam et des défis qu’elle pose au christianisme. Nous avons convoqué la théorie du partage antagoniste ou concurrentiel de l’espace, et les concepts de centralité puis de marginalité pour rendre compte de cette réalité dans la cohabitation religieuse de l’islam et du christianisme à Dori, et plus globalement dans les métropoles musulmanes du Sahel burkinabè.