L’Agriculture urbaine (AU) au Sud, longtemps analysée à l’aune des débats idéologiques, a été généralement considérée comme « fille de la crise » ou de la pauvreté, activité de survie des « damnées » ou des « perdants » de la ville. Sa place dans la ville fut mise à rude épreuve et l’activité malmenée. De nos jours, des études et des chercheurs lui reconnaissent certains avantages : fourniture d’aliments frais, emplois temporaires, source de revenus, outil de gestion de l’environnement. Mais a-t-elle une place dans la ville ? La présente étude questionne la place de l’agriculture dans l’aménagement et les politiques publiques urbaines de la ville de Ouagadougou. L’étude s’attelle à démontrer que l’agriculture est une « oubliée » de la planification urbaine, un fleuron urbain malmené, sous-estimée dans les politiques publiques urbaines qui, pourtant, mérite sa place dans le « corps » urbain ouagalais au regard de ses avantages multifacettes pour la ville. La recherche a combiné l’analyse de textes réglementaires et des enquêtes quantitatives et qualitatives auprès de maraîchers et acteurs de l’aménagement urbain. Des données du terrain, il ressort qu’à Ouagadougou, si les pratiques agricoles sont légion dans les interstices urbains, l’agriculture peine à être inscrite dans les textes et documents de planification urbaine et des politiques publiques. Certes, il y a eu souvent des mesures ou tentatives « favorables ou permissives » d’inscription de l’AU dans les instruments d’aménagement urbain, en l’occurrence le schéma directeur d’aménagement du grand Ouaga (SDAGO), mais celles-ci ne se sont pas concrétisées. Pourtant, l’agriculture urbaine, en plus de sa fonction de fourniture d’aliments frais, se positionne comme un indispensable ressort de l’économie urbaine. Elle est une économie de chaîne marginalisée où plusieurs acteurs gagnent leur vie et leur survie.
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