L’article a pour objectif de mettre en exergue la réhabilitation des paysans, atteints de la cécité des rivières, par leur travail agricole. Les positions des paysans handicapés visuels sont problématiques dans l’unité familiale. Elles sont liées aux capacités de réadaptation de leur corps comme outil naturel en amélioration technique en vue de son usage dans le travail agricole. Cet article s’appuie sur une enquête réalisée à Garango (Zidré et Lengha), auprès de 52 ménages et plus d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs et d’observation de paysans non-voyants. Il montre en effet que les outils rudimentaires agricoles sont sélectivement modifiés selon une réintégration aux conditions handicapantes en vue de pratiquer des techniques culturales spécifiques dans les petits champs de cases restants. La capacité de réinsertion technique de ces paysans non-voyants permet de contribuer à leur rythme en capital agricole dans la consommation familiale. Mais cette contribution céréalière est insuffisante. C’est la pratique de l’élevage et du jardinage avec le soutien des femmes et des enfants qui est une des soupapes économiques pour combler leur manque à gagner céréalier. Ces activités économiques permettent de booster l’agriculture et d’avoir de l’épargne financière pour pratiquer d’autres activités comme l’élevage, le jardinage et la mendicité. En revanche, la mendicité redoutée se présente comme une porte de sortie économique moins pénible pour ces paysans non-voyants soumis au poids de l’âge, enclins de plus en plus à l’émigration dans les centres urbains. Abstract: The article aims to expose the rehabilitation of peasants affected by river blindness through their agricultural work. The positions of visually impaired peasants are problematic in their family unit. They are linked to the body's ability to readapt as a tool for technical improvement for use in agricultural work. This article is based on a survey conducted in Garango, Zidré and Lengha to 52 households and more than twenty semi-structured interviews. It shows that agricultural tools are selectively modified according to a reintegration to disabling conditions in order to practice specific farming techniques in remaining small hut fields. The technical reintegration capacity of these blind peasants makes it possible to contribute their agricultural capital to family consumption. But this cereal contribution is insufficient. It is the practice of breeding and gardening with the support of women and children that is one of the economic valves to make up for their shortfall in cereal income. These economic activities allow to boost agriculture and to have financial savings to practice other activities such as livestock, gardening and begging. On the other hand, the feared begging ultimately presents itself as an economic outlet for these blind peasants subject to the weight of age, who are increasingly inclined to migrate to urban centers in order to practice it. Keywords: visual impairment, farmer reintegration, agricultural capital, family consumption, Burkina Faso.
handicap visuel, réinsertions paysannes, capital agricole, consommation familiale