Dans la société traditionnelle moaaga, la chefferie coutumière joue un rôle non négligeable. Garante des coutumes et traditions d’un ressort territorial donné, elle constitue une force qui œuvre à la cohésion sociale. Elle est représentée par son haut dignitaire, c’est-à-dire le prêtre de la terre qui assume une fonction religieuse dans la cité et constitue de ce fait, l’interface entre le monde des vivants et celui des forces numineuses. Celui-ci intercède à tout moment auprès des dites forces pour le bien-être de toute la communauté à travers prières, offrandes et sacrifices. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le prêtre de la terre de Guiontenga a sacrifié à la tradition, en prononçant une prière pour accompagner les forces combattantes sur le théâtre des opérations dans l’optique d’assurer la victoire sur les ennemis. Quel sens revêt cette prière ? Quel impact peut-elle avoir sur la lutte contre le terrorisme ? La présente réflexion a pour objectif d’analyser la contribution de la chefferie coutumière dans la lutte contre le terrorisme à travers la prière. Elle suppose que les forces numineuses invoquées sont des adjuvants qui peuvent aider les Forces de Défense et de Sécurité à triompher de l’axe du mal. L’analyse ethnolinguistique du sujet nous a permis de comprendre que la prière prononcée par les garants de la tradition de Guiontenga en faveur des forces combattantes agit à deux niveaux : l’anéantissement de ceux qui ont hâte de répandre le sang innocent d’une part et la malédiction sur des Burkinabè qui pactisent avec l’ennemi d’autre part.
chefferie coutumière, prière, paix, terrorisme