Depuis l’avènement de la démocratie sur le continent africain autour des années 90, le
Burkina Faso a adopté ce système politique comme mode de gouvernance. Ce faisant, le pays a fait
de la gouvernance locale un des piliers essentiels de la gestion politique en organisant
régulièrement des élections municipales, consacrant ainsi l’implication directe des populations
dans la gouvernance locale à travers les conseillers municipaux. Certes, ceux-ci sont élus sans
discrimination aucune, surtout pas en termes de niveau d’instruction, mais la participation des
conseillers municipaux analphabètes aux travaux des conseils municipaux semble être érodée par
la barrière linguistique, le français constituant leur langue de travail. Cette réalité linguistique nous
amène à nous demander si l’usage du français comme langue de travail ne contribue pas à exclure
les conseillers municipaux analphabètes en français de la gouvernance locale. Pour répondre à cette
préoccupation, nous nous sommes fixé pour objectifs d’une part de montrer que l’utilisation du
français comme langue de travail entrave la participation des conseillers municipaux analphabètes
à la gouvernance locale et d’autre part d’en proposer des solutions. Aussi, l’enquête de terrain, qui
a consisté en l’administration d’un questionnaire et en la conduite d’entretiens oraux auprès des
conseillers municipaux, nous a permis de constater que l’utilisation du français comme langue de
travail limite la participation des conseillers municipaux analphabètes à la gouvernance locale. Fort
de cela, nous en avons proposé des mesures palliatives.
Langue, exclusion politique, conseiller municipal, gouvernance locale