L’article analyse les conditions de soins de malades vulnérables, décès et confiscation de cadavre de COVID-19 pendant la première vague. Il est rédigé grâce à une méthode mixte auprès du Ministère de la santé, d’une équipe pluridisciplinaire et des parents proches des personnes décédées. Les morts solitaires en majorité d’âge avancé (76%) ont en grande partie été enregistrés à l’hôpital de référence (88%) de la capitale (73%). Elles ont été sorties de station de la morgue sans transit à domicile et au lieu de culte religieux pour leur inhumation dans un cimetière public. Avant leur décès, ces patients avaient été isolés par rapport à leurs enfants frustrés. Ceux-ci ont ressenti de la violence liée à leur privation de la mise en bière et la parure. Ils ont été traumatisés par manque de recueillement sur leur corps suspecté, confisqué et inhumé dans l’anonymat. Cette politique préventive par la soustraction de cadavre (82%) à la famille avait aussi choqué les soignants, accompagnants et visiteurs à l’hôpital. Elle a débusqué les conventions funéraires chez les parents troublés dans l’impossibilité de remplir les rites cérémoniels avec un cadavre absent. Elle fait place à un sentiment de deuil familial inachevé, sans bons souvenirs, ni d’obsèques assortis de perturbation de la culture de deuil.
Abstract
The article analyzes the conditions of care for vulnerable patients, deaths and confiscation of COVID-19 corpses during the first wave. It is written using a mixed method involving the Ministry of Health, a multidisciplinary team and the next-of-kin of the deceased. The solitary deaths, mostly of advanced age (76%), were largely registered at the referral hospital (88%) in the capital (73%). They were taken from the morgue station without transit to their home and place of religious worship for burial in a public cemetery. Prior to their death, these patients had been isolated from their frustrated children. Their children felt the violence of being deprived of burial and adornment. They were traumatized by the lack of recollection of their suspected bodies, confiscated and buried anonymously. This preventive policy of withdrawing the corpse (82%) from the family also shocked hospital carers, attendants and visitors. It uncovered funeral conventions among relatives troubled by the impossibility of fulfilling ceremonial rites with an absent corpse. It gives way to a feeling of unfinished family mourning, with no good memories, no funerals and a disruption of the culture of mourning.
Key words: vulnerability, dying, solitary death, body confiscation and unfinished mourning.
vulnérabilité, mourant, mort solitaire, confiscation de corps, deuil inachevé