À partir de matériaux recueillis selon une méthode mixte, cet article se propose d’analyser les connaissances et les pratiques de prévention concernant la Covid-19 chez les commerçants de Ouagadougou. Leurs discours reposent sur une conception qui, en se focalisant sur les malades médiatisés (issus des classes aisées ou censés l’être), renforce l’idée d’une pathologie des « riches », d’une « maladie de la neige », « du froid », et de la « climatisation ». La Covid-19 est perçue alors comme une maladie de l’Occident, avec son climat froid, ses riches, dont les équivalents au Burkina Faso sont les « fonctionnaires » et les hommes d’affaires qui ont une situation économique favorable et utilisent au quotidien la climatisation. La reconfiguration des rapports de citoyenneté va mettre en vis-à-vis deux types de citoyens : d’un côté, les agents de l’État agissant comme des acteurs dominants, des prédateurs de ressources, voire des représentants locaux de l’Occident et, de l’autre côté, les laissés-pour-compte, les dominés qui subissent les mesures préconisées par les dominants. Cette construction du risque lié à la Covid-19 entraînera une banalisation de la pathologie dans les marchés, puis la contestation des mesures de protection. Les manifestations contre les fermetures des marchés, des lieux de culte et des frontières terrestres sont une forme de dénonciation de la passivité de l’État dominé par l’Occident. Celle-ci traduit une méfiance, une défiance alimentée par les rapports d’inégalité de pouvoir entre le Nord et le Sud autour de la santé globale
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