Les écrivains se sont souvent exprimés en dehors d’une seule langue. C’est
ainsi que l’on remarque, dans la littérature contemporaine, des cas de bilinguisme (Senghor 1964 : 228-231) ou de plurilinguisme (Manessy & Wald
1979). Les écrivains africains en général, et burkinabè en particulier,
n’échappent pas à cette règle.
Comment celui qui écrit donne-t-il forme à sa passion d’écrire à partir
de son vécu personnel et d’un noyau de relations aux langues dans lesquelles
il écrit, de leurs possibilités, de leurs contraintes ? « L’écriture apparaît alors
comme un espace de tension et de rencontre entre des langues différentes,
espace à l’intérieur duquel l’écrivain va trouver “sa langue”, sa ligne propre
unique, d’invention et de création » (Prieur & Pierra 1999 : 28).
Les travaux de M. Bakhtine (1978 : 488) sur la translinguistique mettent
l’accent sur le polylogisme. Cette approche privilégie la question de la subjectivité dans l’approche de la création littéraire.
Finalement écrire, pour les écrivains burkinabè, revient à chercher à se
réapproprier et à « habiter » leur nom (Prieur & Pierra 1999 : 29).
Il apparaît que la littérature contemporaine en langue française ou
anglaise pratiquée par les auteurs africains est exprimée avant tout dans une
langue d’emprunt. Ce constat à l’origine permet de dire que cette littérature
possède une spécificité. On pourrait croire que l’usage du code de l’écrit
en français ou en anglais efface systématiquement les soubassements culturels et linguistiques. Qu’on ne s’y méprenne pas, car les auteurs ont souvent
recours dans leur processus créatif aux langues nationales. Dans le cas spécifique de la littérature burkinabè, nous pouvons observer cette modalité
d’écriture qui comporte des interférences linguistiques (Makouta M’boukou
1983 : 349) ainsi que les différentes formes d’insertions et de collage. Il y
a tout un travail de réécriture qui est une réalité pour les écrivains. Audelà de cette structure de surface se noue une structure profonde qui est le
métissage dans l’écriture. Le métissage culturel et linguistique s’observe
donc dans cette trame de créativité
roman, métissage