La biodiversité agricole constitue un des piliers de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la résilience des systèmes agricoles et du développement durable en Afrique de l’Ouest et dans toutes les autres régions du monde. Pourtant, une grande partie de cette richesse biologique demeure méconnue, négligée ou sous-exploitée. Les espèces négligées et sous-utilisées (NUS), bien qu’adaptées aux conditions agroécologiques locales et riches en nutriments, ont quelquefois pour ne pas dire souvent et trop longtemps été reléguées au second plan par les politiques agricoles et les systèmes de recherche dominés par une poignée de cultures majeures, vivrières et/ou commerciales, mais aussi par une grande partie des consommateurs urbains.
D’après l'Agenda 2030 pour le développement durable, et plus spécifiquement les Objectifs 15 (Vie terrestre), 2 (Faim zéro) et 1 (Pas de pauvreté), le projet SUSTLIVES, financé par l'Union Européenne, vise précisément à soutenir et valoriser le patrimoine des cultures locales au Burkina Faso et au Niger pour améliorer les écosystèmes et les conditions de vie des populations. À cette fin, le projet prévoit et a déjà mis en œuvre au cours des quatre dernières années plusieurs actions visant à approfondir, étendre et diffuser les connaissances relatives aux NUS à tous les niveaux. Pour cette raison, les partenaires du projet ont décidé d’organiser, au cours de cette dernière année d’activité, un colloque régional dédié à la recherche pluridisciplinaire des jeunes chercheurs du Sud sur les NUS dont le potentiel reste inestimable et représente une ressource indispensable pour le développement durable de la région, et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et des enfants. Ce colloque régional rappelle de ce fait la nécessaire attention que nous devons porter à l'importance de produire et de partager entre nous, entre les générations de chercheurs, aux NUS et aux dynamiques multi-acteurs qu'elles engagent.
Le colloque, intitulé « Rôle de la biodiversité agricole et des espèces négligées et sous-utilisées (NUS) pour le développement durable et la sécurité alimentaire et nutritionnelle », propose une réflexion approfondie et pluridisciplinaire sur leur rôle stratégique dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, la conservation des ressources naturelles et l’adaptation aux changements climatiques.
À travers les contributions des Mastérants, doctorants et jeunes chercheurs de plusieurs pays africains, cette rencontre internationale explore les défis, les opportunités et les pistes d’action pour mieux connaître et valoriser les NUS au profit des populations et des écosystèmes locales. L'évènement scientifique souligne également l’importance de politiques inclusives, du développement des chaînes de valeur, du rôle des femmes, et d’une meilleure intégration des savoirs traditionnels dans les stratégies de développement agricole. Il faut encore plus de visibilité des recherches et études, comme il importe que les chercheurs se rencontrent et échangent davantage pour porter ensemble cette problématique d'avenir.
Notre colloque arrive, du fait de la crise sécuritaire, alimentaire et politique en cours, à un moment crucial où l’Afrique de l’Ouest est confrontée à des enjeux complexes liés à la croissance démographique et l’urbanisation, à la dégradation des ressources naturelles et aux aléas climatiques, aux vulnérabilités socioéconomiques et aux inégalités.
Redécouvrir et promouvoir la biodiversité agricole et les NUS est non seulement une nécessité scientifique et écologique, mais aussi un impératif social et économique pour construire un avenir plus durable, plus équitable et plus résilient.
Nous espérons que cet événement international contribuera à ouvrir et nourrir les débats, à orienter et enrichir les politiques publiques, et surtout à inspirer et guider des actions concrètes en faveur d’un système agroalimentaire et d'une nutrition plus diversifiée, plus locale et plus durable.
Le Comité Scientifique de l’atelier remercie tous ceux qui ont rendu possible l’organisation et la réalisation du colloque, et en particulier tous ceux qui ont contribué à la préparation de l’appel et à la sélection des résumés que nous avons reçus. Un remerciement spécial va au Professeur Adja Ferdinand Vanga, à l’Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo, aux partenaires de l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) de Ouagadougou et de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, ainsi qu’au Chef du projet SUSTLIVES, Dr. Hamid El Bilali du CIHEAM de Bari. Enfin, une reconnaissance particulière va au Dr. Zakaria Kiebre de l’UJKZ ; sans son travail précieux, le colloque n’aurait pas été possible.
Mot du président du comité scientifique
NUS, Sécurité alimentaire, Résilience climatique, SUSTLIVES