La France a entendu pratiquer au début du XXe siècle une politique de neutralité religieuse en AOF, suite à la loi de séparation des Églises et de l’État, édictée en 1905, mais cette notion de neutralité religieuse fut un vain mot dans la pratique.
Cet article vise à montrer les ambiguïtés de la politique coloniale de la France en matière religieuse au moment où la prédication de William Wade Harris fit naître un prodigieux mouvement de prophétisme en Côte d’Ivoire dans l’entre-deux-guerres, mais aussi à la suite de l’expansion de missions protestantes anglo-saxonnes en AOF.
La France veut soutenir les missions chrétiennes à condition qu’elles servent les intérêts de sa mission civilisatrice. Dans le même temps, elle doute que les missionnaires étrangers contribuent réellement au développement de l’influence française. Au contraire, les autorités coloniales françaises se montrent suspicieuses à leur égard et font prendre des mesures législatives visant à les endiguer, mais ne les appliquent jamais. En revanche, elles pratiquent ouvertement à partir de 1930, une politique missionnaire positive en subventionnant les œuvres sociales des missions françaises et en cherchant à obtenir le remplacement des missions protestantes anglo-saxonnes par leurs consœurs françaises.
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