Selbstkritik als Gesellschaftskritik in Les Carnets secrets d’une fille de joie (1988) von Patrick G. ilboudo,
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Auteur(s): SOME Kaggwa André
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Résumé

Cet article propose une analyse de la critique sociale telle qu’elle transparait dans le deuxième roman de l’écrivain burkinabè Patrick G. Ilboudo intitulé Les carnets secrets d’une fille de joie. Pour ce faire et après un bref résumé du roman, l’article aborde la problématique du positionnement de l’individu face à la société dans le contexte africain, d’une manière générale. L’analyse s’appuie sur la réflexion du philosophe français V. Cespedes qui fait ressortir une prédominance du „Je“ sur le „Nous“ en occident, alors qu’en Afrique on souffrirait d’un „Nous“ surdimensionné. Cet état de fait socio-anthropologique réduit considérablement la légitimité d’une critique du groupe, de la société par l’individu.
Notre article s’efforce ensuite de montrer le changement de paradigme qu’entraîne le choix du narrateur, ou plutôt de la narratrice dans le texte de Patrick G. Ilboudo. En s’inspirant de la perspective déconstructiviste, l’analyse souligne la portée de la féminisation du narrateur dans la littérature burkinabè de cette période, notamment avec ce roman de 188 pages publié pour la première fois en 1988. Le caratère innovant, sinon provocateur dans la stratégie narrative adoptée par Patrick G. Ilboudo se retrouve à plusieurs niveaux: l’auteur place un individu, un narrateur autodiégétique face à la société, non pas comme simple victime, mais comme une victime qui se remet en cause et qui accuse, en même temps, la société comme étant son boureau. Cet individu, par ailleurs, n’est pas un homme comme dans la plupart des textes narratifs d’auteurs africains, mais plutôt une femme accusant et défiant la société phallocratique. Faisant le parallèle avec la littérature sénégalaise, il ressort que la narratrice autodiégétique Ramatoulaye dans Une si longue lettre de Mariama Bâ est une sorte de précurseur dans la narration au féminin. Une décennie après le roman de Mariama Bâ, le roman de Patrick G. Ilboudo inaugure avec Fatou Zalme le rôle de la narratrice autodiégétique dans la littérature burkinabè. A la différence de Ramatoulaye qui prend la parole, seulement à la mort de son époux, pour raconter sous forme épistolaire sa vie d’épouse soumise et trahie à son amie Aissatou, Fatou Zalme, elle, est une prostituée qui veut faire le bilan de sa vie, en découdre avec la société avant de tenter le suicide. Elle fait comprendre à son auditeur et amant soumis, Mita Wogoda et, à travers lui, à toute la postérité que sa vie de débauche n’est que le reflet de la prostitution qui gangrène toute la société bien pensante. Et comme elle est à la disposition d’une clientèle sans discrimination, elle est convaincue alors d’être plus utile à la société que les responsables politiques, économiques et spirituels, eux- mêmes faisant partie de cette clientèle.
L’analyse du roman de Patrick G. Ilboudo fait ressortir une volonté de cet auteur de clarifier certaines responsabilités sociales dans le but de rétablir les équilibres sociaux. L‘inversion des rôles semble participer de cette quête: l’individu s’affirme devant le groupe, la femme prend la parole au lieu d’être racontée, elle s’affirme et accuse les hommes au lieu d’être un simple objet de désirs masculins. Comme un miroir, elle renvoie à la société l’image de prostituée, cause de sa marginalisation. En se positionnant ainsi, Fatou ne se pose plus comme une coupable à marginaliser, mais comme une réponse au besoin de prostitution dans la société. L’individu n’est pas forcément celui qui a tort, mais peut être plutôt le révélateur des tares du groupe.

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