Vergangenheitsbewältigung in Bernhard Schlinks Der Vorleser (1995),
Auteur(s): SOME Kaggwa André
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Résumé

Cet article est issu d’une communication lors du Colloque sur la Paix tenu à Abidjan en 2013, dans un contexte de réconciliation après la forte crise politique de 2010-2011. A travers une exploration du phénomène de prise de conscience, sinon de la maîtrise du passé nazi dans l’ouvrage de Berhard Schlink intitulé Der Vorleser (Le Lecteur), cet article propose quelques pistes d’inspiration pour sortir du traumatisme provoqué par la crise ivoirienne et envisager l’avenir sous de meilleurs auspices.
L’article présente, dans un premier temps le contenu du roman de B. Schlink. Une secrète histoire d’amour entre un élève de 15 ans, Michael Krug, et une dame de 36 ans, ancienne gardienne des camps de concentration nazis. Amenée à répondre de ses crimes passés devant le tribunal, elle préfère être accusée à tort, plutôt que d’avouer son analphabétisme.
Il analyse ensuite quelques formes de confrontation avec le passé national-socialiste représentées dans Der Vorleser. Lors de son procès, par ignorance des règles du tribunal et avec une naïveté très poussée, Hanna déconcerte le président du tribunal en lui demandant si elle n’aurait pas dû faire son devoir en tant que gardienne dans un camp de concentration. Cette scène permet de poser la question de la responsabilité du subalterne dans l’exécution des tâches confiées par la hiérarchie. Notre article montre, par ailleurs, que le fait de juger et condamner des responsables ou acteurs du système concentrationnaire est une forme d’évitement de la responsabilité collective. La désignation de coupables soulage et libère le reste de la société. La problématique de la justice des vainqueurs est ainsi soumise à la réflexion. Le narrateur autodiégétique Michael Berg, amant de Hanna et sachant que celle-ci était analphabète, aurait pu témoigner lors du procès en faveur de Hanna, Mais par peur de devoir dévoiler ainsi son aventure amoureuse avec cette ancienne gardienne de camp de concentration, il n’a rien dit. Le silence du narrateur pose dans le texte la délicate question du silence coupable ou complice.
Au-delà des trois formes de confrontation avec le passé nazi (la responsabilité individuelle du criminel, la responsabilité collective face à un phénomène social et la responsabilité du fait de la passivité et du silence), notre réflexion aboutit à la complexité qui entoure les notions de victime et de coupable, lorsque l’on analyse une situation de conflit : le coupable est-il totalement coupable et criminel ? La victime est-elle totalement victime et innocente ?

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