Profil biochimique des patients au cours de la co-infection paludisme-dengue au centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles de Gaulle de Ouagadougou (Burkina Faso).,
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Auteur(s): SOUDRE F.M., GUIGUEMDE K.T., KABORE B., KARFO R., KOURAOGO A., KIBA TCAR., KABRE E., SAKANDE J.
Résumé

Introduction : Le paludisme et la dengue sont des maladies à transmission vectorielle répandues dans les zones
tropicales et subtropicales. Au Burkina Faso, ils constituent de véritables problèmes de santé publique et sont
associés à une morbidité et mortalité élevées. Sur le plan biologique, les principales complications proviennent
de la modification de paramètres biochimiques et hématologiques, mais aussi de la réponse immunitaire contre
les hématies parasitées ou contre le virus de la dengue. Le but de notre étude était d’étudier les perturbations
des paramètres biochimiques au cours de la co-infection paludisme-dengue à Ouagadougou.
Matériel et méthode : Il s’est agi d’une étude transversale descriptive à collecte rétrospective de données,
réalisée dans le laboratoire du CHU pédiatrique Charles de Gaulle de Ouagadougou du 1er janvier 2017 au 31
décembre 2019. Ont été inclus les patients ayant effectué une goutte épaisse / frottis sanguin, une sérologie de
la dengue et des analyses biochimiques (glycémie, urémie, créatininémie, ionogramme sanguin, CRP,
ASAT/ALAT). Les cas de co-infection ont été définis par la positivité de l’antigène NS1 et/ou des
immunoglobulines de type M (IgM) dirigés contre le virus et par la positivité de la goutte épaisse. Toutes les
données ont été recueillies sur une fiche de collecte, saisies avec le logiciel Microsoft Office Excel 2013 et
analysées à partir du logiciel Epi-InfoTM 7.2.0, dans le respect de la confidentialité.
Résultats : Sur 1405 cas inclus dans l’étude, 102 patients (7,26%) étaient confirmés de paludisme avec une
densité parasitaire moyenne de 30 163,93 ± 67 741,85 trophozoïtes /μL. La sérologie de la dengue était positive
chez 267 patients, soit 19%. La fréquence des cas de co-infection était de 1,14% (n=16). L’âge moyen des
patients était de 9,93 ± 10,26 ans et la tranche d’âge de 0 à 15 ans était la plus représentée (n=1109, soit 78,93%).
On notait une prédominance masculine avec un sex-ratio (H/F) de 2,58. La fréquence des perturbations
biochimiques en cas de co-infection paludisme-dengue était dominée par un taux élevé de la CRP (87,5%), une
hyperglycémie (66,67%), une hyponatrémie (40%), une hypercalcémie (40%), une hypokaliémie (30%) et une
hypophosphorémie (30%). Les perturbations statistiquement significatives en cas de co-infection paludismedengue
étaient l’élévation de la CRP (p=0,010), l’hyperglycémie (p=0,005) et l’hypobicarbonatémie (p=0,036).
L’élévation de la CRP pourrait constituer un indicateur de la gravité et l’hyperglycémie pourrait s’expliquer
par l’administration de solutés glucosés aux patients. La baisse des ions bicarbonates s’expliqueraient d’une
part par les pertes digestives (nausées, vomissements) et d’autre part par l’altération de la fonction rénale de
certains patients (élévation de la créatininémie chez 12,5% des patients ayant une co-infection).
Conclusion : Le paludisme et la dengue sont responsables d’une morbidité et d’une mortalité importantes au
Burkina Faso. Bien que la co-infection soit rare dans l’étude (1,14%), elle s’accompagne de plusieurs
perturbations sur le plan biochimique. L’évaluation et la prise en compte de ces perturbations au cours du
traitement contribuent à une meilleure prise en charge des patients.

Mots-clés

Paramètres biochimiques Paludisme Dengue Co-infection CHU Pédiatrique

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