Complémentarités et concurrences sur le terrain du développement rural. L’Union fraternelle des croyants et les services déconcentrés de l’État (Dori, Burkina Faso) »,
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Auteur(s): KABORE Koudbi
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Résumé

Dans la concurrence qui se joue entre les différents acteurs du développement rural, la question de la professionnalisation est généralement mise en avant. Les services techniques de l’Etat qui coordonnent ou supervisent l’action des ONG exigent généralement de celles-ci qu’elles mobilisent en leur sein des compétences techniques (des savoirs techniques spécialisés, et des techniques de gestion de projet en particulier) jugées nécessaires à l’efficacité des interventions. Le contournement par les ONG des pratiques normées les met souvent en conflit avec les services étatiques. Ce sont ces tensions qui sont analysées dans cet article à partir des matériaux archivistiques et des entretiens oraux. Alors qu’il avait depuis les années 1970 largement laissé les organisations paysannes entre les mains des ONG et des associations de développement, et que l’UFC s’était imposée comme un acteur central sur le terrain du développement rural, à partir de 1999, l’Etat réaffirme une volonté de cohérence et de contrôle, en créant les chambres régionales d’agriculture (CRA) et en faisant des services techniques des prestataires de projets. Ce retour de l’Etat sur le devant de la scène du développement au XXe siècle finissant attise la rivalité entre ces deux acteurs du développement rural quant à la supervision des organisations paysannes et au contrôle des moyens financiers. A la professionnalisation « dans » les ONG, qui privilégie les pratiques normées et l’atteinte de résultats contractuels, l’UFC défend la professionnalisation « des » ONG qui renvoie à la capacité de celles-ci à s’ancrer dans des espaces et à inscrire leurs actions dans des dynamiques de changement social et à accroître ainsi la pertinence et l’efficacité de leurs actions, par rapport aux acteurs à qui elles sont destinées. Il s’agit là pour l’UFC d’être autonome vis-à-vis des pouvoirs publics et de garder le contrôle des organisations paysannes qu’elle crée et forme depuis 1974, et qui font son identité : une ONG interconfessionnelle qui promeut le dialogue interreligieux, d’une part, et la principale organisation locale de développement agricole et rural dans la région de Dori. L’article a mis en valeur les concepts de « professionnalisation » et de « courtiers du développement », très pertinents pour l’analyse de l’action publique et de l’aide au développement.

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