Au moment où l’Etat burkinabè est plus que jamais confronté au problème de moyens pour
faire face à l’insécurité grandissante, le désinvestissement fiscal et la résistance à l’impôt des populations prennent de plus en plus de l’ampleur. Dans une perspective qualitative et
s’appuyant sur des données à la fois théoriques et empiriques, l’objectif de cet article est de
proposer une explication sociologique au phénomène d’incivisme fiscal chez les Moose du
Burkina Faso. Le fait d’abhorrer l’impôt est à la jonction de certaines perceptions de la réalité et des mutations sociales opérées depuis l’intrusion coloniale. Le coût de l’impôt, le bien public, l’entité étatique et la gouvernance font l’objet de perceptions plus ou moins biaisées, plus ou moins pertinentes, mais assurément défavorables au dévouement des obligations fiscales. Les changements sociaux aux allures d’acculturation et de destruction créatrice ont vu le Burkindlum(En langue nationale Mooré, il est peut-être succinctement défini comme l’intégrité et la droiture morale et sociale), jadis socle du civisme fiscal et creuset des valeurs de solidarité, d’honneur ou de dignité, s’étiolé au profit du capitalisme et de l’individualisme qui vont induire de nouveaux types de rapports non seulement au mécanisme de la contribution collective, mais aussi à l’argent et au matériel qui lui sont solidaires.

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