A partir de cas concrets des ménages producteurs d’une commune rurale de la province du Gourma au Burkina Faso, cet article tente de cerner l’influence réelle du coton sur les conditions de vie du monde rural. En effet, le coton a été souvent considéré comme un facteur important de réduction de la pauvreté, surtout dans les milieux ruraux où il est produit. L’objectif de cet écrit est de saisir les répercussions de la culture cotonnière sur les conditions de vie du monde rural burkinabè. Il s’agissait de savoir si la production cotonnière est un facteur de bien-être du monde paysan ou si, au contraire, elle constitue un facteur d'enlisement socio-économique des producteurs. Ayant pour cadre d’investigation la commune rurale de Tambaga, l’étude a été conduite à partir d’une méthode qualitative par le truchement d’entretiens semi-directifs avec des producteurs de coton, des autorités coutumières et administratives et des responsables de la société cotonnière du Gourma. Il en résulte que malgré le rôle apparent de stimulus qu’exerce la production cotonnière sur la croissance économique des pays producteurs (échelle macro-économique), la relation entre le bien-être des producteurs et la production cotonnière n’est pas établie. Au demeurant, l’économie de marché, en l’occurrence cotonnière, qui prétend créer richesse et abondance ne cesse de fabriquer de la rareté, faisant passer dans la misère ceux qui, hier, vivaient dans « une pauvreté digne ». Car l’intrusion du coton dans la commune de Tambaga a mis à rude épreuve les liens sociaux en reléguant au second plan l’entraide et la solidarité qui sont pourtant des vertus essentielles ou des ressorts pour la satisfaction des besoins des individus dans la société. De même, on note que les mécanismes de la production cotonnière (principe de la caution solidaire, exigences d’observance stricte d’un calendrier cultural, …) engagent les ménages dans une logique de production qui affecte considérablement leur capacité à couvrir leurs besoins alimentaires et nutritionnels.

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