Au Burkina Faso, la barrière financière a souvent été indexée comme étant la cause de non utilisation des services de santé par les enfants de moins de 5 ans accentuant ainsi le risque de décès dans cette frange de la population. Une politique sociale d’exemption de paiement direct des soins au profit des enfants de moins de 5 ans est mise en œuvre comme une panacée. Elle a entrainé une augmentation de l’utilisation des soins curatifs. Dans ce contexte, comment concilier alors la dualité augmentation de la fréquentation des services et amélioration de la qualité relationnelle qui est pourtant une exigence à la fois professionnelle et sociale ? C’est dans cette optique que s’est
effectuée cette recherche dans l’objectif de décrire et d’analyser les pratiques relationnelles dans un contexte de gratuité. La posture méthodologique adoptée est une enquête mixte. Ainsi, 137 observations non participantes, 33 entretiens individuels et 1 focus group ont permis de collecter des données dans trois milieux sociaux différents de la région du Centre. Les principaux résultats montrent une faible écoute corporelle, une quasi absence du recueil du consentement éclairé du malade et des décisions thérapeutiques prescrites plutôt que négociées. Aussi, les cibles de la gratuité bénéficient de pratiques relationnelles moins conformes à leurs attentes que les non bénéficiaires. La gratuité n’a pas non plus augmenté la capacité de négociation des bénéficiaires. Si les soignants convoquent la pression sociale due à la gratuité pour justifier leurs pratiques, dans la réalité, c’est la posture paternaliste qui en est l’explication. Les usagers eux, privilégient le consensus social au détriment des revendications.

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